Auteur : L.P. Sicard
Pages : 247
ISBN : 978-2-89808-592-5

Une inquiétante boutique que nul n’ose approcher.

Des rumeurs sordides circulant dans les ruelles de la métropole.

Une jeune femme blessée, prête à tout pour fuir le passé.

Un vieillard défiguré que l’avenir obsède.

Et l’instant même, qui ne devient plus qu’un interminable cauchemar.

Charles Dickens, dans son Conte de Noël, présente Scrooge comme un vieil homme avare et détestable. Cette réécriture des Contes Interdits lui ajoute une obsession maladive et meurtrière pour le temps : ce nouveau Scrooge doit être craint comme la peste noire. Pourtant, une étrangère ignore les avertissements à l’égard de cet homme. Et celle-ci, entraînée dans les bas-fonds de la démence, comprendra bien vite que son temps est compté.

Note

Le roman Un chant de Noël de Charles Dickens, cette histoire où on retrouve un certain Ebenezer Scrooge, vieux grincheux qui n’aime rien ni personne et qui aime encore moins les temps de réjouissances de Noël, est un roman coup de cœur pour moi. Depuis mon enfance je suis fasciné par cette histoire avec tous les films et livres illustrés sur le sujet. Avoir la chance de lire un conte de la série des Interdits sur Scrooge – conte écrit par L.P. Sicard en plus ! – ne pouvait que me rendre fébrile et excité !

Dans ce conte, nous suivons Rebecca, une mendiante relativement nouvelle. Dans les rues glaciales de l’hiver, elle cherche un endroit où s’installer pour se protéger du froid et tendre son petit gobelet dans l’espoir de se payer de quoi manger. Les meilleurs endroits sont déjà tous occupés et elle se retrouve sur le pas de la porte de la boutique Scrooge et Marley. Un endroit qu’il est préférable de ne pas fréquenter…

L’homme qui travaille dans cette boutique est un vieillard usé par le temps qui n’adresse la parole à personne. Certains disent qu’il est devenu fou et plusieurs rumeurs circulent à son sujet. Il n’est pas le genre de personne qui inspire confiance et à voir son visage scarifié, certaines rumeurs doivent avoir un fond de vérité. Avec le temps, elle se rendra vite compte que personne ne vient dans cette boutique mais, malgré son gobelet qui reste vide, elle ne peut se résoudre à s’éloigner de cet endroit de peur de perdre sa place.

Sa vie de mendiante, jusqu’alors relativement calme, est sur le point de basculer. Bientôt, elle se retrouvera en enfer… Parce que dans les rues de Montréal, une nouvelle drogue circule. Une drogue dure qui donne de fortes hallucinations. Le genre d’hallucinations qui fait revivre les pires moments de sa vie.

C’est avec une plume parfois poétique que l’auteur nous raconte son histoire. D’abord tranquillement, semant quelque grains de folies qui ne demanderont que quelques goûtes de sang pour fleurir lors des chapitres suivants. Et puis, quand le sujet est bien implanté, le style se précise, devient incisif et vomi son fiel sur les pauvres âmes qui se sont approchés un peu trop près de la boutique de Scrooge et Marley… comme cette jeune Rebecca.

Le texte qui se faisait lent en début de roman devient alors rempli d’angoisses et d’hémoglobine. Les grains de folies éclatent et éclaboussent le lecteur de frissons. Et ça éclate fort ! C’est parfois gore, parfois écœurant… Le cœur du lecteur doit être solidement accroché, parce que ça fesse.

Que j’ai aimé le roman de Dickens ! C’est un roman si beau et une histoire si intéressante. Cette version de Sicard nous amène ailleurs. Totalement ailleurs. Il a pris l’une de mes histoires favorites pour en faire une version trash et perturbante. Simple et complexe à la fois. Et encore une fois, L.P. Sicard signe un Conte Interdit qui vaut le détour. L’histoire est bien racontée et bien construite. Le rythme maintient son crescendo tout au long des chapitres et l’auteur maitrise son texte et son sujet avec brio, nous menant à travers les méandres de sa folie vers une fin des plus respectable et intéressante ! Une version macabre et pleine de folie de ce vieux grincheux de Scrooge, voilà de quoi en déstabiliser plus d’un !

28/12/2022

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