Auteur : Patrick Senécal

Pages : 369

ISBN : 978-2-89615-225-4

Bonjour. Je m’appelle Florence Roberge et j’ai huit ans. J’ai commencé un journal intime. Je trouve que c’est une bonne idée parce que je peux parler de mes amies Emma, Charlie et Ling. Il y a Félix aussi qui vient jouer avec nous même si c’est un gars. Et je peux aussi parler de mes parents. Il y a papa qui travaille dans son dépanneur. Il me montre comment marche la caisse et il me fait rire. Il y a maman qui me donne souvent plein de becs et avec qui je regarde plein de films d’horreur même si papa n’aime pas ça.

Des fois, papa et maman se chicanent fort parce qu’ils parlent de moi. Papa dit que je suis bizarre et qu’on aurait dû écouter le docteur que j’ai vu l’année passée. Maman n’est pas d’accord, elle dit que je ne suis pas bizarre et elle traite papa de panaro, ou un mot comme ça. C’est là qu’ils se chicanent. Moi, je ne comprends rien de ce qu’ils disent.

Mononcle Hubert m’a dit que personne n’a le droit de lire le journal intime des autres. Ça, c’est le fun, parce que je vais pouvoir tout écrire, même les affaires que je me ferais chicaner si on savait que je les avais faites. Comme ce qui est arrivé quand je suis allée voir le rat mort dans la poubelle…

Note

Un nouveau roman de Patrick Senécal, c’est un peu pour moi comme un cadeau surprise. J’adore cet auteur et ses idées, et je sais que je ne serais pas déçu par cette lecture. Flots s’est retrouvé dans ma bibliothèque longtemps avant que je me décide à le commencer. J’attendais le bon moment pour le lire, où peut-être que j’attendais tout simplement pour faire durer le plaisir. Quoi qu’il en soit, lorsque je l’ai ouvert que je l’ai commencé, le temps s’est comme arrêté autour de moi et je savourais chaque pages…

Senécal ajoute une corde à son arc en nous partageant son histoire à la façon du journal intime d’une jeune enfant. Une enfant pas comme les autres… une enfant qui cache un secret. Un très lourd secret. Et plus le roman avance, plus le lecteur découvre la vérité – la réalité devrais-je dire – sur ce que vit cette petite Florence. Parce que d’aussi gros secrets ne peuvent être maintenus éternellement dans la tête de cette jeune fille seule ; elle doit l’écrire pour expulser le méchant et se sentir mieux. Et le plus beau là-dedans, c’est qu’elle ne peut pas se faire gronder puisque, de toute façon, personne ne peut lire le journal intime de quelqu’un sans son consentement. Elle peut donc écrire tout ce qu’elle pense et… tout ce qu’elle fait !

Ce journal nous apprend ce qui s’est réellement passé dans la maison familiale de la petite Florence, huit ans, alors qu’on la retrouve seule dans le salon. Elle est assise en silence et refuse de répondre aux questions du premier policier arrivé sur les lieux. Son comportement n’est pas comme à son habitude. Elle est fermée et refuse de parler de ce qui s’est passé. Elle ne fait plus confiance à personne depuis que certains avaient trahi sa confiance. Mais eux, ils ont eu leur compte !

Le texte de l’auteur ne laisse que peu de place aux superflus. Les mots de la petite Florence sont écrits avec toute l’innocence et la naïveté d’une jeune enfant de son âge. Mais au fil des pages, cette innocence se transforme vite en quelque chose de terrifiant. Cette petite a clairement un problème dans sa façon de concevoir la vie… et ces pages le prouvent aisément.

Y’a pas à dire, Patrick Senécal sait comment rejoindre facilement son public et il sait comment écrire son texte pour empoigner suffisamment fort son lectorat et ne pas le laisser filer. Son personnage de la petite Florence est juste et très bien présenté. Son innocence et son côté enfantin est bien décrit ce qui nous permet de bien la comprendre dans ses agissements. Son histoire nous donne parfois froid dans le dos alors qu’à d’autres moments elle nous rebute dans certains descriptifs simples et précis. Et chaque fois, le lecteur ne peut que s’imaginer ces atrocités vécues par une aussi jeune personne… et là le roman fait tout son sens !

La finale est inattendue et laisse place à l’imagination du lecteur le plus assidu de cet auteur. Le genre de finale que M. Senécal aime laisser à ses fans.

Tout est une question de confiance, au fond. Trahir la confiance de quelqu’un n’est pas bien. Mais trahir la confiance de Florence, cette jeune et magnifique rousse de huit ans, sera peut-être la dernière chose que vous auriez aimé avoir fait. Mais alors il sera trop tard… C’est à ce moment que l’on découvre la vraie Florence !

04/07/2021

2 réponses
  1. Annick Cormier
    Annick Cormier dit :

    J’ai malheureusement perdu l’habitude de lire aussi souvent que je le voudrais, mais l’exception à la règle, ce sont les nouveaux romans de mon auteur préféré : Patrick Senécal ! J’ai donc abordé « Flots » en 2021 avec beaucoup d’attentes… et je dois dire qu’elles ont été un peu déçues.

    Bien que l’histoire soit captivante, pour moi le fait que 95% du roman soit écrit comme le journal intime d’une fillette, c’est un gros « turn-off » comme on dit en bon français. Même si l’écriture de la petite Florence a été « corrigée » afin d’être facile à lire pour un public adulte, j’ai trouvé cela très désagréable et je me surprenais à attendre avec impatience les quelques pages qui étaient rédigées « normalement ». Il y en a malheureusement très peu. Je crois que l’histoire aurait gagné à être racontée dans un style moitié-moitié, avec peut-être davantage de passages qui concernent les autres personnages. Cela dit, qui suis-je pour critiquer la démarche artistique d’un si grand maître ? Simplement, pour moi, ça n’a pas fonctionné. J’ai malgré tout poursuivi ma lecture jusqu’à la fin, et si la finale m’a bouleversée, elle ne m’a pas tellement surprise. Le personnage de Florence donne littéralement froid dans le dos, et imaginer que des enfants de 8 ans puissent vivre avec de telles pensées en tête est plus terrifiant que toutes les histoires de monstres que j’ai pu lire.

    Cela m’a donné envie de relire d’autres œuvres du maître de l’horreur québécois, et j’ai recommencé Hell.com, qui, à mon avis, décrit aussi bien l’horreur qui peut traverser l’esprit d’un jeune en détresse (Simon, le fils de Daniel Saul) mais dans un style de narration qui me correspond beaucoup mieux. 🙂

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