Auteur : Simon Rousseau
Pages : 230
ISBN : 978-2-89786-149-0
La disparition d’une jeune femme, Wendy Gauthier, et de ses deux frères délinquants, évadés de leur pénitencier pour mineurs.
Une île perdue dans la forêt boréale, habitée par une communauté déjantée et leur leader sans âge.
Une baronne du crime nymphomane et amoureuse des bijoux en forme de clochettes.
Un enquêteur médisant dépourvu de sa main droite, dévorée par un cannibale qui hante encore ses nuits.
Comme plusieurs, l’histoire de Peter Pan de James M. Barrie m’a suivi depuis mon enfance. Par le merveilleux film de Disney d’abord, avec ses images colorées et magnifiques, et par le roman original ensuite qui fut un coup de cœur pour son côté magique et merveilleux. Mais là, dans ce roman de Simon Rousseau, il n’y a pas de magie et il n’y a pas de merveilleux… ! Oh, il y a Peter Pan bien sûr, seulement ce n’est pas le Peter de mon enfance. Ce récit relate une toute autre histoire… beaucoup plus sombre et très marquante !
Une vague de suicide sévit dans la capitale de la province ; plusieurs se jettent carrément du haut des immeubles croyant pouvoir voler selon la rumeur. Au même moment, la disparition d’un trio d’enfants – dont une certaine Wendy – amène l’ex-policier Jacques Dolan à mener sa propre enquête pour les retrouver. Commence alors le récit de Peter Pan le plus morbide que vous n’ayez jamais lu…
Dès le début, chaque petit détail nous ramène inexorablement au conte original, nous rappelant les images du film de Disney. Seulement, ces belles images sont immédiatement repoussées avec violence pour laisser place à d’autres images totalement différentes et horribles… Mais toujours avec un fond de Disney en tête. Bizarrement, il est plaisant de pouvoir en faire des rapprochements, même si c’est souvent lugubre et macabre.
Plus on creuse dans le récit et plus l’histoire nous apparaît monstrueuse et horrible. Le texte est souvent très cru, mais outre le fait que le style est poignant et vif, c’est surtout le fait que les pires images nous apparaissent en tête durant cette lecture qui est déstabilisant. L’émerveillement du début à vouloir reconnaître tous les petits détails et à les associer au conte original est très vite balayé par un texte terriblement brutal, un texte qui fait mal. Malgré tous les rapprochements possibles, on oubli immédiatement les belles images à la Disney… !
Mais qu’est-ce qu’ils ont fait à mon Peter Pan ? C’est horrible, y’a pas de mots ! Moi qui aimais tant ce personnage durant mon enfance, moi qui m’étais même imaginé le voir vieillir, jamais je n’aurais osé imaginer histoire aussi sinistre et sombre ! Et pourtant, je suis forcé de dire que cette version du conte de mon enfance – que dis-je, de mon coup de cœur d’enfance –, est une vraie réussite ! C’est brutal, mais c’est terriblement efficace et bien mené. Rien n’est laissé au hasard, pas même les frissons qu’on nous pousse à ressentir.
C’est une lecture relativement difficile qui attend le lecteur qui ose débuter ce roman. Ce n’est certes pas destiné à la jeunesse, vous l’aurez deviné. Les images qui apparaissent dans notre tête, merveilleuses au début – oh oui, merveilleuse au début ! – n’ont plus rien de merveilleuses à la fin. Et le problème c’est que ces images resteront en mémoire un bon bout de temps. Du moins, le temps qu’il faille pour bien digérer cette histoire… Brrr !
Réussir à faire ressentir autant l’émerveillement de la jeunesse que le pire des dégoûts, tout ça en quelques chapitres seulement, est un coup de maître de la part de l’auteur. Ce n’est pas une lecture à lire à ses enfants, mais c’est le genre de lecture qui émerveille mon cœur d’enfant tout en le faisant frissonner des pieds à la tête. Il faut avoir le cœur bien accroché pour passer à travers cette horrible histoire. Parce qu’il cherchera certainement à sortir, vous chatouillant désagréablement le fond de la gorge au passage pour s’assurer de votre dégoût. Franchement, bravo !
Bon, j’ai comme une envie subite de lire quelque chose de moins trash… quelque chose qui parle de petits poneys avec des arcs-en-ciel par exemple…
04/11/2017
Mon premier de la saga et certainement pas mon dernier. Il faut quand même avoir l’esprit ouvert afin de terminer le roman et savoir faire abstraction des faits cités qui pourraient déranger les âmes pures. On voit très bien dans nos pensées le film de lecture ce qui selon moi est primordial pour ce genre de fiction. Je l’ai commencé avant mes vacances et malheureusement fini avant de commencer ces dernières alors je me dois de poursuivre la saga.
Je pense exactement tout ce que tu as dit ! C’est un contre assez cru et assez barbare, qui s’éloigne totalement du vrai conte, tout en nous y faisant penser avec quelques petits rappels (surtout avec les noms) par ci par là. Il est très captivant, et il se lit terriblement vite ! On veut trop savoir la suite ! Mais j’avoue que je m’attendais pas du tout à « ça » comme fin… Mais j’ai vraiment aimé !
Quelle fin en effet ! 😀
Maintenant, va faire un gros câlin à ton fils ! 😉
Ah oui ! On est effectivement sur la même longueur d’onde ! =D
J’aime beaucoup ton avis, qui retranscrit très bien ce que j’ai pu moi aussi ressentir durant ma lecture.
Ces contes interdits m’auront fait découvrir des auteurs québécois que je ne connaissais pas… à ma grande joie ! 🙂