Mikaël Archambault : Fontaine de jouvence

Faire du tourisme morbide, vous feriez ça ? C’est ce que propose l’agence de voyage DATO qui se spécialise dans ce genre de « voyage ». Ici c’est Paméla qui demande l’aide de cette agence. Parce que son fils Éloi est malade, il souffre d’un cancer du cerveau. Voulant faire tout ce qui est possible pour lui sauver la vie, Paméla se tourne vers sa dernière chance ; la mythique fontaine de jouvence. Seulement, un miracle ne se fait pas sans en payer le prix. Mais ça, ce sera bien trop tard qu’elle s’en rendra compte !

L’histoire commence tout de suite et c’est sans perte de temps que notre duo se retrouve aux iles Bimini, là où la fameuse fontaine aux pouvoirs si vaste se trouverait. Mais ne s’approche pas de là qui veut, parce que des hommes armés en garde jalousement l’accès. C’est un peu à la façon d’un road movie que nous découvrons ce récit. L’action ne manque certainement pas, les rebondissements sont nombreux et l’ambiance devient toujours de plus en plus sinistre.

Les scènes s’enchaînent rapidement, l’auteur s’amusant certainement avec les nerfs de son lectorat. C’est parfois effrayant, c’est parfois glauque et rien ne se passe comme prévu. Notre duo mère/fils devra puiser dans leur réserve insoupçonnée d’énergie s’ils veulent espérer quitter cette ile vivant ! Des choix déchirants, ils devront en faire. Et des scènes d’horreurs aussi ils en verront ! Mais alors, comment préserver l’innocence de son fils de onze ans dans de telles circonstances ?

Le texte est de bonne qualité, l’auteur jouant même parfois de sa plume pour rendre certains passages presque poétiques ; dans la tournure d’une phrase ou dans le choix méthodique des mots qui donne un sens intéressant à lire. C’est fluide, bien détaillé et parfaitement dosé pour permettre au lecteur de ne jamais buter sur un passage. Glissant ainsi sur les mots, on se sent absorbé dans le récit et on se surprend parfois à avoir une petite crainte ici ou une pointe au cœur par-là. Les images se font claires dans notre tête et c’est efficace.

Évidemment, cette histoire est venue me chercher au plus profond des tripes. La maladie chez son enfant, ça me connait. Et je comprends d’autant plus cette mère qui veut tout risquer, même ce qui semble impossible, pour venir à bout de la maladie de son enfant. Parce que parfois, lorsque les solutions semble épuisées et que la crainte vacille, se raccrocher à quelque chose pour raviver l’étincelle de l’espoir devient notre unique but. Et c’est ce que vit Paméla.

La finale est à la hauteur des attentes, rendant justice à l’idée du roman. Mais là où l’auteur tire son épingle du jeu, c’est dans l’épilogue. Parce que cet épilogue ramène tout à sa place et se concentre sur le meilleur… ou le pire !

29/09/2024

L’humain n’aime pas se faire rappeler qu’il n’est qu’un corps, un vulgaire amas de sang et de chair, aussi fragile qu’une larve qu’on ferait éclater entre ses doigts. Le statut social, la richesse, même l’amour, tout ça paraît bien puéril quand un pieu vous transperce l’abdomen.