Auteur : Shirley Jackson
Pages : 270
ISBN : 978-2-7436-3789-9
Hill House est une immense et lugubre résidence, construite au XIX ème siècle par le richissime industriel Hugh Crain. C’est une monstruosité architecturale, née d’un esprit torturé qui la souhaita à son image : labyrinthique, ténébreuse et pleine de lourds et terribles secrets. On la dit hantée, maléfique. Un chercheur fasciné par les phénomènes paranormaux a réuni dans la vieille demeure trois sujets, dont la personnalité lui paraît propre à susciter des manifestations surnaturelles, pour vérifier si Hill House et ses fantômes sont à la hauteur de leur réputation. Le cauchemar peut commencer…
Hill House, est un endroit plutôt lugubre, un bâtiment bancal dont rien n’a été conçu dans les normes. Les murs ne sont pas tout à fait à angle droit, les nombreuses pièces donnent des allures de labyrinthe au manoir, alors que plusieurs de ces salles ne possèdent même pas de fenêtre. Même le chemin pour s’y rendre est tortueux et lugubre. C’est tout sauf un endroit accueillant !
Les personnages sont un peu fades dans cette histoire. Ils sont plutôt inintéressants et souvent insipides. On ne s’attache pas vraiment à eux. Certains nous semble même bien condescendants… Et je me demande si ce n’est pas là le souhait de l’auteure. Parce que la maison elle-même nous est présentée comme un personnage à part entière. Et c’est cet endroit qui fait tout le livre !
Le paranormal est flagrant à Hill House. Cet endroit est pratiquement une maison-personnage. On sent que, tranquillement, Hill House contrôle certains événements dans le but de tromper nos personnages – et nous-même. Le côté psychologique est fortement présent, l’atmosphère est sombre, lugubre et pesante. Et le paranormal flirte avec la folie… cette folie qui se développe inévitablement en restant trop longtemps à cet endroit.
Les manifestations se déroulent surtout de nuit. Comme si les fantômes et les esprits qui habitent cette immense maison décident soudain que la noirceur leur donne le droit de déambuler dans les couloirs. Le froid s’intensifie et s’immisce dans les moindres interstices pour s’attaquer à nos personnages. Certains passages – Mon Dieu, oh mon Dieu ! À qui était cette main que je tenais ? – nous font même ressentir cet environnement glacial, comme si le froid attendait le bon moment pour s’en prendre aussi à nous !
Le récit est plutôt intéressant. La façon dont le texte nous est amené nous démontre un côté plutôt réel de ce que nous nous attendons d’un endroit hanté. Il n’y a pas de meurtres inattendus ou de stigmates soudains qui apparaissent sur le corps de nos personnages. C’est beaucoup plus psychologique. Parce que les événements qui perturbent nos personnages ne sont jamais vus, tout est dans le ressenti des personnages eux-mêmes. C’est suggestif, très suggestif, mais toujours sournoisement. C’est intéressant.
Ce n’est pas une lecture qui donne beaucoup de frissons. Il y en a quelques-uns de bien placés, efficaces et bienvenus. Mais ils sont bien rares. De ce côté, La maison des damnés de Richard Matheson est bien plus flippant comme lecture. Et pourtant, je dois avouer que le roman de Shirley Jackson démontre quelques bons côtés. Parfois, rester simple est la meilleure des façons de partager un récit qui peut être reçu différemment par chacun !
11/01/2025
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