Auteur : David Goudrault
Pages : 231
ISBN : 978-2-7604-1170-8
« Ma mère se suicidait souvent. Elle a commencé toute jeune, en amatrice. Très vite, maman a su obtenir la reconnaissance des psychiatres et les égards réservés aux grands malades. Pendant que je collectionnais des cartes de hockey, elle accumulait les diagnostics. »
Le drame familial d’un homme seul. Et des chats qui croisent sa route.
David Goudreault est un parolier qui me fascine beaucoup. À chaque fois que je l’écoute lire une lettre sur un sujet à la télévision, j’en ai la chair de poule ! La bête à sa mère est le premier roman de cet auteur que je lis. Il nous partage une histoire d’un jeune homme qui a la vie dure et qui fait la vie dure aux autres. Avec un texte ancré dans la haine, il nous démontre les problèmes de notre société… et le récit est parfois très provocateur. L’efficacité de sa plume a de quoi en faire frémir plus d’un !
C’est l’histoire d’un jeune asocial qui est très centré sur lui-même. C’est le genre de personnage qui est, disons-le, détestable. Et c’est là où ça passe ou ça casse. On aime ou on n’aime pas. De mon côté, j’ai aimé le détester. Il n’a pas eu une enfance facile et il utilise ce fait comme levier pour se convaincre lui-même. C’est un être cruel avec des propos horribles. Il a des opinions tranchés sur tout et il partage ses points de vues sur notre société malade… son point de vue, le seul qui compte. Et comme le texte nous vient de lui-même, il est facile de comprendre tout ce qui ne va pas dans sa tête.
Cruel et terrifiant par moment, c’est sans pudeur qui nous transmet ses agissements. D’un jeune adolescent malhabile qui volait sans pouvoir s’en empêcher, il a très vite peaufiné ses techniques en vieillissant. Et son sort ne s’améliore pas avec le temps. C’est un paumé.
Mais voilà qu’il s’est mis en tête de retrouver sa mère naturelle et de comprendre pourquoi il a dû se promener de famille d’accueil en famille d’accueil lorsqu’il était enfant. Pourquoi la société l’a abandonné en le l’amenant pas à l’âge adulte correctement. Il est persuadé que tout ce qui lui arrive est de la faute des autres. Et c’est là qu’on comprend à quel point cet homme est un psychopathe.
C’est une lecture qui fait souffrir son lectorat. Cet homme est un minable, un moins que rien, une plaie pour la société. Et pourtant, il nous est impossible de le laisser seul trop longtemps. Dans un certain sens, on s’attache à lui, on essaie de le comprendre sans trop y parvenir, et nous voulons lui laisser une chance de nous livrer son témoignage malgré le fait qu’il s’enfonce toujours plus. Et quand on s’enfonce aussi profondément que lui, il en vient presqu’impossible de s’en sortir indemne. C’est documenté.
À travers sa quête pour retrouver sa mère, il se persuade que tout ira mieux une fois qu’il l’aura retrouvée. L’enfant en lui espère et il se donne le droit de tout faire pour y parvenir. Cet homme est un psychopathe, ça c’est clair ! Et ce que j’ai aimé de cette lecture, c’est de voir uniquement son point de vue à lui. Connaitre cette histoire via son regard à vraiment de quoi donner des frissons !
Le récit noir revient toujours avec une touche d’humour et d’ironie bien placée. La plume de l’auteur est efficace malgré que le texte soit dur de par son sujet. C’est parfois brutal et parfois abrasif. Habillement rempli d’humour noir, le récit réussi à captiver son lecteur, juste assez au début, pour le malmener de plus en plus au fil des chapitres. C’est presque une claque ce roman. David Goudreault y va d’un texte marquant, poignant par moment et qui dérange. Il écorche la société et il écorche son lecteur au passage. Et il n’y va pas d’une main morte !
11/04/2024
« On m’a dit que je ne comprenais pas tout, car je suis dysphasique. Ça ne m’impressionne pas, leur diagnostic bidon. Je ne comprends pas toujours le sens des mots ? On n’a pas compris le sens de la vie encore, alors que le sens de certains mots m’échappe n’est pas alarmant. »
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