Auteur : J. R. R. Tolkien
Pages : 298
ISBN : 978-2-267-01965-0
Des milliers d’années avant les événements relatés dans « Le Seigneur des Anneaux », la Terre du Milieu est en proie aux luttes entre Morgoth, le premier Seigneur Ténébreux, et les Elfes, alliés aux Hommes. C’est contre Túrin et Niënor, les enfants de Húrin, que Morgoth lance une terrible malédiction, les contraignant à une vie errante, pour se venger du héros qui a osé le défier.
Túrin, héros humain qui cherche sa place parmi les Elfes et les Hommes dans un monde en guerre, lutte de manière spectaculaire et tragique contre Morgoth, nous faisant découvrir un passé méconnu de la Terre du Milieu.
Plus de trois décennies après la publication du Silmarillion, Christopher Tolkien, le fils et héritier littéraire de J.R.R. Tolkien, a accompli un travail titanesque : celui de reconstituer, à partir des nombreux manuscrits laissés par son père, l’histoire poignante et héroïque de Húrin Thalion et de ses enfants, Túrin et Niënor. Ce récit, profondément enraciné dans la mythologie de la Terre du Milieu, nous est ici présenté dans une forme complète et romanesque, bien différente du résumé que l’on trouvait jusqu’alors dans Le Silmarillion. Et le résultat est saisissant. On découvre enfin la version intégrale de cette légende, avec tout son souffle tragique, sa noirceur et sa grandeur épique. C’est un conte exceptionnel, à la fois dense, émouvant et d’une grande beauté littéraire.
Ce roman est à la fois une porte d’entrée et une plongée en profondeur dans l’univers de Tolkien. Il faut cependant le dire sans détour : ceux qui n’adhèrent pas à l’œuvre de l’auteur du Seigneur des Anneaux risquent de ne pas trouver ici matière à changer d’avis. Les Enfants de Húrin n’est pas une lecture facile ou légère. Il s’inscrit pleinement dans la tradition tolkienienne, avec son style soutenu, sa langue travaillée et son attachement aux structures mythologiques. Pourtant, cette œuvre possède une tonalité différente de celle des aventures de Frodon ou même de Bilbo. Ici, l’humour est rare, la lumière tamisée, et la destinée semble toujours peser d’un poids funeste sur les épaules des protagonistes.
Mais pour les passionnés de Tolkien, c’est une véritable pépite. On y retrouve cette écriture exigeante, précise, presque académique, qui demande au lecteur une certaine implication, mais qui récompense largement sa fidélité par une immersion totale dans un monde ancien, tragique et magnifiquement construit. Christopher Tolkien a su assembler avec une fidélité remarquable les fragments laissés par son père pour en tirer un roman cohérent, émouvant et puissamment narratif. C’est une véritable prouesse d’édition et d’amour filial.
Je recommande Les Enfants de Húrin à tous ceux qui ont été fascinés par Le Seigneur des Anneaux, mais qui ont trouvé Le Silmarillion trop ardu ou trop fragmenté pour s’y plonger complètement. Ce roman constitue une excellente alternative : il combine la richesse du légendaire de Tolkien avec une forme plus accessible, plus linéaire, tout en conservant la profondeur et la noblesse propres à son univers. L’histoire se déroule bien avant la Guerre de l’Anneau, plusieurs millénaires en arrière, à une époque où les Hommes, les Elfes et les créatures maléfiques s’affrontaient dans des combats titanesques pour la domination de la Terre du Milieu. Grâce à cette lecture, on découvre les racines de certains grands mythes, les origines de certaines figures évoquées dans les œuvres plus connues, et on mesure à quel point Tolkien avait imaginé un monde vaste, cohérent et infiniment riche.
En somme, Les Enfants de Húrin est un livre à lire pour quiconque souhaite explorer davantage l’univers de Tolkien, en ressentir la profondeur tragique et en admirer la construction mythologique. C’est un texte sombre, intense et magnifiquement écrit, qui nous rappelle que même au cœur de la légende, la souffrance, la bravoure et l’honneur restent universels.
12/09/2012
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