Auteur : Sylvain Johnson
Pages : 443
ISBN : 978-2-89786-361-6
Grigori Tarasovski, un condamné au goulag pour un horrible crime qu’il n’a pas commis, découvre la violence et la folie de son espèce au sein des camps de prisonniers.
Toutefois, il s’aperçoit que l’enfer de Sibérie cache autre chose : des entités innommables, monstrueuses, nées d’une légende antique.
La source de leur création – et de leurs pouvoirs – est tout près.
Une source capable de changer le destin des hommes.
Et de les détruire.
Vous le savez maintenant, la littérature d’horreur est un style que je préconise dans mes lectures. J’ai d’ailleurs connu Sylvain Johnson via le collectif des Contes Interdits, ces romans glauques et horrifiques, dont il a signé deux contes ; La petite sirène et Le joueur de flûte de Hamelin. Ayant aimé ces deux romans, je me doutais bien que d’acheter Le monstre de Kiev du même auteur était une valeur sûre. Et je n’avais pas idée encore à quel point !
L’histoire commence immédiatement et sans détour en suivant un certain Grigori Tarasovski, un russe vivant sous le régime totalitaire de Staline juste avant la deuxième grande guerre. Le régime de l’Union Soviétique est brutal et barbare. La paranoïa de la population est partout et le système de justice accuse quiconque contrevient, de façon aussi minime soit-il, à la loi. Au cœur de cette folie humaine, Grigori se retrouvera au mauvais endroit au mauvais moment. Commence alors son récit tragique où le gouffre de l’enfer ne fera que s’agrandir à ses pieds. Il est envoyé au goulag, ce camp de prisonniers en Sibérie, éloigné de tout, où l’horreur est omniprésent et où la vie humaine n’a de valeur que pour travailler jusqu’à la mort.
Le style de Sylvain Johnson est concis, clair et hautement perturbant par moment. Perturbant parce que certaines scènes restent en mémoire une fois le livre fermé. Des scènes dures, des scènes brutales, des scènes d’horreurs… des scènes choquantes. Voilà le genre de récit qui continuera de hanter quiconque osera en parcourir les pages. Et ce n’est pas peu dire ! Les descriptions sont très visuelles, les images sont claires et nettes dans notre tête et l’horreur vécu dans ce camp de la mort pousse le lecteur à vouloir se révolter. Le pouvoir de l’homme dans ce genre d’endroit se résume à la bestialité et la brutalité extrême…
Le récit se transforme vite de l’horreur à la fascination. Je dis la fascination parce qu’il est difficile de ne pas s’attacher au personnage principal. De l’injustice qu’il a vécue lorsqu’il est envoyé au goulag, naîtra un autre homme, tout à fait différent et fascinant. L’instinct de survie prend vite le dessus et pousse parfois l’homme à commettre l’impensable pour rester en vie. Tout au long du roman, le lecteur s’attachera à Grigori. La complexité du personnage est à noter puisqu’au fur et à mesure que les chapitres passent, on y découvre sa vulnérabilité… comme sa bestialité. Et le plus troublant dans cette histoire est que le changement qui s’opère en lui nous est totalement compris et accepté. C’est troublant par moment, mais c’est aussi terriblement bien mené de la part de l’auteur.
Une petite touche de fantastique s’immisce tranquillement dans l’histoire et la porte au-delà de tout ce que le lecteur peut imaginer. Et là, l’auteur nous transporte complètement dans son univers !
Décidément, la collection Corbeau chez les éditions ADA nous propose plusieurs petits bijoux littéraires. Le monstre de Kiev de Sylvain Johnson en est une belle et grande preuve ! On ne parle pas ici d’un roman joyeux. Il est dur et difficile de par son sujet, mais il est aussi très efficace et fascinant. Un roman brutal et marquant. Un must pour tout amateur du genre !
02/05/2020
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