Auteur : Chantale Gingras & Stéphanie Sylvain
Pages : 214
ISBN : 978-2-89818-064-4
Fictions sur nos travailleurs essentiels en pandémie
BIOCIDE
Métier : Concierge
Michel est un jeune concierge né d’un père cri et d’une mère innue. Il a quitté la Basse-Côte-Nord pour Montréal, à la recherche de l’anonymat. Se fondre dans la foule est vite devenu son objectif à partir du moment où toute la communauté d’Ekuanitshit (Mingan), située au bout de la 138 Est, s’est mise sur son dos. Enfin… toute la communauté, peut-être pas, mais à partir du moment où sa mère, sa tante et sa soeur aînée s’y sont mises, c’est comme si toute la Côte Nord avait les yeux rivés sur lui en permanence…
On attendait de lui de grandes choses, voire l’impossible.
Alors il a choisi de devenir concierge.
Michel rêve de se faire oublier, mais ce printemps-là, la réalité l’amène au front, où il doit combattre le virus et son ennemi intérieur.
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DU PAPIER ET DES ARCS-EN-CIEL
Métier : Facteur
Il n’y a pas si longtemps, prendre l’air était tout ce qu’il suffisait à Arnold pour s’éclaircir l’esprit. En optant pour le métier de facteur, il s’assurait de profiter au maximum de la vie en extérieur. Or, toutes ses belles habitudes seront chamboulées par l’arrivée de la COVID-19.
À cause du virus, Arnold ne peut plus voir sa fille Léa. Le fossé qui le sépare de son ex ne fait que se creuser davantage. Les pistes de solutions se raréfient alors que le seul fait de marcher dehors semble être devenu un risque démesuré. Masque, gel désinfectant, distanciation sociale… Rien ne semble être suffisant désormais.
C’est avec l’esprit plus sombre que jamais qu’Arnold s’interroge.
À quoi bon dresser autant de barrières entre lui et ses proches?
Et surtout, est-ce possible de réparer un coeur déjà en mille morceaux?
Deux histoires… deux fictions sur les travailleurs essentiels en temps de pandémie. Deux récits qui nous dévoilent une partie de ce qui se passe réellement en temps de pandémie au Québec via des personnes qui se sont trouvés, bien malgré eux, aux premières loges.
Dans la première nouvelle, Biocide de Chantale Gingras, nous y suivons Michel, jeune innu dans la vingtaine. Il manque de confiance en lui et sent peser sur ses épaules tout le poids de sa communauté. Il est travailleur essentiel et son travail en ce temps de COVID est des plus important. Il est concierge à l’Hôpital-Notre-Dame. Il est bien placé en première ligne pour savoir tout le mal que ce virus amène… Et c’est pas beau !
Le texte ne tourne pas seulement autour de la pandémie, elle donne plutôt le tremplin pour bâtir l’histoire de Michel. Le fait de vivre cette pandémie d’aussi proche lui permet de se poser tout un tas de questions. Des questions sur lui-même, sur sa famille et ses origines. Pourquoi un innu ne mérite-t-il pas une meilleure vie ? Pourquoi la presque totalité des habitants de la communauté innue ont une estime de soi quasi nulle ? Et surtout pour lui, Michel, doit embarquer dans le moule sans luter… parce que c’est normal ? Certainement pas !
Au travers cette quête d’identité du personnage, on y voit l’horreur engendré par le virus. Le texte effleure des sujets chauds comme les problèmes de violences conjugales qui augmentent avec la venue du confinement. Les patients arrivent en nombres, les lits se font de plus en plus rares et en plus des victimes de la COVID, il y a les victimes de la route, les accidents de travail… Le système est saturé.
La plume de Chantale Gingras est simple et pourtant empreinte d’une douceur et d’une certaine poésie. En à peine une centaine de pages, elle parvient à nous faire apprécier réellement son personnage principal. Les émotions sont vécues et senties et le cheminement de Michel est beau à voir tout au long du récit. Sa prise de conscience et son évolution donne une bonne dose d’espoir au texte dans toute la cacophonie de l’hôpital.
Pour la deuxième nouvelle, Du Papier et des Arcs-en-ciel de Stéphanie Sylvain, nous faisons la rencontre d’un père de famille dont la plus grande fierté est sa fille. Facteur dans la vie, Arnold s’est récemment séparé de la mère de son enfant et il peine à imaginer qu’il doit voir sa propre fille qu’une fin de semaine sur deux. Alors quand arrive la COVID, le pire survient pour lui alors qu’il se retrouve presque du jour au lendemain confiné seul dans son logement. Tout le monde a peur du virus et chacun se tient loin. Même Mme Michaud, qui ne peut s’empêcher de lui piquer une longue jasette à chaque fois qu’il lui apporte son courrier, reste enfermée chez elle. Ses seuls moments de bonheurs sont les rencontres virtuelles avec sa fille. Il s’accroche durant ses longues journées de travail, presque seul dans les rues, en sachant qu’il retrouvera sa fille le soir sur son écran. Ces dernier temps, il ne vit que pour ces moments.
Le texte de l’auteure est rempli d’émotions tout au long du récit. Arnold est un personnage attachant et le fait d’amener le point de vue du père séparé est intéressant. Ayant moi-même des enfants, je ne pouvais que l’accompagner en ayant un serrement au cœur, en espérant – dans un espoir peut-être futile – de le supporter le mieux possible.
Malgré les embûches, Arnold essaie de rester fort pour sa fille et il chérit les moments passés avec elle, même si c’est sur une tablette. C’est une véritable histoire d’amour, un amour sincère entre un père et sa fille, un amour en des temps difficiles où tout semble un obstacle insurmontable.
C’est lourd et triste parfois, mais toujours il y a de l’espoir. Et c’est sur l’espoir qu’il faut miser. Parce que parfois, le simple fait de voir des arcs-en-ciel, ça peut changer la vision d’une mauvaise journée. Cette vague d’amour ne peut apporter que du bon !
Je ne peux pas terminer cet avis sans remercier tous les travailleurs essentiels qui ont tenu – carrément – le système à bout de bras ! Merci de vous être donné corps et âme pour le bien de tous. Les véritables héros, c’est vraiment vous !
Merci à Stéphanie Sylvain pour l’envoi de ce roman !
12/09/2021
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