Auteur : Madeleine Robitaille

Pages : 416

ISBN : 978-2-89074-932-0

Une grand-mère, dans l’imagerie populaire, c’est une petite femme toute ronde, au visage doux et souriant, à la peau délicieusement parfumée, à la voix chaude et rassurante, qui nous accueille avec des confitures maison et des beignets, qui nous caresse de ses mains aussi légères qu’un vol d’oiseau, qui sait consoler petits et grands chagrins, qui sait écouter avec sagesse et compassion, et qui, par-dessus tout, nous aime sans condition, pour toujours.

Eh bien ! pour Charlotte et ses sœurs, une grand-mère, c’est Clarisse : mâchoire inférieure avancée, nez plat, front large, yeux écartés et brillants d’un feu insoutenable, des mains comme des battoirs, un corps massif et imposant, et une voix qui s’apparente à un grognement, parfois même à un aboiement. D’où le surnom dont l’ont affublée ses petites-filles, pour rigoler entre elles : la Bouledogue.

Le jour où Clarisse doit venir s’installer chez elles, à la suite d’un drame qui laisse leurs parents incapables de s’occuper d’elles, l’existence des quatre sœurs prend la tournure d’un cauchemar. L’éducation, selon Clarisse, c’est se soumettre ou souffrir. Pour en arriver à ce que son code de bonne conduite soit respecté à la lettre, elle ne lésine pas sur les méthodes, même les plus cruelles.

Charlotte, la rebelle, regrettera amèrement de ne pas avoir plié l’échine devant cette nouvelle autorité. Sa résistance la conduira tout droit à l’horreur, à l’inimaginable, l’obsession de Clarisse l’atteignant au cœur même de sa féminité… L’arrivée de la Bouledogue au cœur de cette famille unie par l’amour et la confiance aura les mêmes effets qu’un tsunami : dévastation, désolation, mort…

Note

Ce roman se veut une véritable claque pour tout lecteur qui s’y aventure. Madeleine Robitaille s’amuse bien souvent avec l’horreur dans ses romans, mais cette fois c’est bien plus que ça. Rapidement l’histoire monte vers l’horreur, y allant avec quelques scènes fortes qui donnent immédiatement le ton au récit. C’est tout de suite cartes sur table, sans blablas inutiles ni perte de temps.

Alors que l’auteure flirte avec le sentiment de dégoût, les frissons ne peuvent que nous envahir au tournant de chaque page. C’est si horrible, non pas dans le choix des mots, mais dans les sentiments ressentis tout au long de cette lecture… l’impuissance et la frustration principalement.

L’écriture de Madeleine Robitaille est toujours aussi fluide et efficace. Les mots choisis sont simples mais terriblement incisifs. Et comme ça touche principalement des enfants, mon cœur de papa en a mangé un coup. Il est difficile de ne pas sympathiser avec ces enfants maltraités, de ne pas vouloir espérer mieux pour ces jeunes filles. C’est dur à lire de par le sujet abordé et l’espoir ne se cache jamais très loin derrière ce sentiment sans cesse grandissant de panique, nous poussant à toujours vouloir continuer notre lecture.

C’est un court roman avec de petits chapitres bien travaillés. L’angoisse monte efficacement durant le récit n’offrant que très peu de moment pour reprendre notre souffle. Il faut avoir le cœur bien accroché, surtout si comme moi vous avez de jeunes enfants.

L’histoire aurait peut-être mérité d’être un peu plus travaillé en y ajoutant quelques détails ici et là. Et pourtant, j’ai du mal à imaginer un texte plus long… même pour la finale qui semble un peu abrupte. Car toute la force du récit ressort dans le fait que tout se passe rapidement et qu’il ne doit pas y avoir de perte de temps si l’on veut survivre. Le sentiment d’oppression est d’autant plus intense. Et bien franchement, c’est une belle réussite !

21/05/2017

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