Auteur : Stephen King
Pages : 474
ISBN : 978-2-226-31468-0
Foncer sur une foule dans sa SL500 12 cylindres : le moment le plus grisant de la vie de Mr Mercedes.
Et le carnage lui a tellement plu qu’il n’a qu’une envie : recommencer. Au plus vite…
Délaissant le fantastique, Stephen King se glisse avec une jubilation contagieuse dans le moule du polar. Revenu de tout mais pas toujours tenace, son inspecteur Bill Hodges rejoint les figures emblématiques du roman noir américain.
C‘est avec un temps de retard que je me lance finalement dans ce roman qui est sortie il y a déjà quelques années. J’adore Stephen King depuis longtemps et j’avoue avoir un petit faible pour ses histoires d’horreurs et de fantastiques. Mais avec Mr Mercedes, il n’y en a pas de fantastique. Il s’agit plutôt d’un thriller et d’une enquête policière. Bien sûr, il y a bien quelques scènes où les frissons sont présents, mais ce n’est pas là le pilier central de l’histoire. C’est qu’il nous cache encore quelques surprise cet auteur !
Commençons tout de suite par le négatif, parce qu’il n’y en a pas beaucoup. On ne peut pas parler d’un roman de Stephen King sans s’attendre à quelques longueurs ici et là. Et sans grande surprise, il y en a en effet de temps en temps. Rien de dramatique, rien qui empêche le lecteur de bien accrocher à sa lecture. Parce qu’encore une fois, le King tient une intrigue qui vaut le détour et il exploite son sujet de brillante façon. Donc longueurs il y a… mais tellement futiles !
Stephen King change donc de registre avec ce récit. Et bien franchement, ce n’est pas pour me déplaire. Il est toujours aussi bon et il maitrise toujours aussi bien son texte pour permettre à son lectorat de s’accrocher facilement aux personnages. Pas étonnant, ils sont toujours très bien travaillés ! Nous suivons donc le parcours du détective à la retraite Bill Hodges qui mène sa propre enquête pour arrêter le tueur à la Mercedes. Et nous suivons aussi l’évolution du tueur. Ces personnages sont plutôt imparfaits à leur façon, de là la facilité du lecteur pour s’attacher à eux. Le héros est un peu un anti-héros, un homme qui a ses problèmes personnels et qui s’ennuie à mourir depuis qu’il est à la retraite. Il jongle entre l’idée de vider sa bouteille de Whisky et utiliser son pétard pour se faire sauter la cervelle. Mais voilà que le tueur à la Mercedes le contacte personnellement pour le narguer… il n’en fallait pas plus pour redonner le goût de vivre au détective Hodges, ce qui le poussera à mener sa propre enquête. Il rencontrera tout un tas de personnages et dans tout ça, même ces personnages secondaires sont bien travaillés. Pas étonnant de la part de cet auteur !
Un King différent, certes. Il n’y a pas vraiment d’horreur et pas du tout de fantastique. Mais un King qui est tout aussi bon que ses autres écrits fantastiques. Le suspense est intense et nous tient en haleine jusqu’à la toute fin. Le héros n’est pas parfait, le méchant est horrible et juste assez décalé du cerveau pour nous donner des frissons et le récit est admirablement bien mené. Le fait de voir le point de vue du psychopathe offre un côté intéressant au récit. Malgré ses idées très dérangées, on s’attache presque à lui et on en vient presque à comprendre son point de vue.
Cruauté, vice, perversité… ce ne sont là que quelques qualificatifs qui collent bien aux oeuvres de Stephen King. Et ils sont bien présents dans Mr Mercedes aussi ! L’auteur y va de critiques envers la société américaine – sur le racisme et l’homophobie entre autre – et son style n’est pas nécessairement cru, bien qu’il peut écorcher les plus fragiles lecteurs par moment. Néanmoins, on reconnait très bien sa plume et ses idées et il en vient difficile de ne pas vouloir continuer notre lecteur au tournant de chaque chapitre.
Premier roman d’une trilogie sur l’enquêteur Bill Hodges, le King aura réussit son pari et nous prouve encore une fois que son talent d’écriture ne se limite pas seulement à un seul style !
23/04/2019
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