Patrick Senécal : Civilisés

Très connu au Québec, de même qu’en Europe, Patrick Senécal se passe de présentation. D’aucuns pensent qu’il est le maitre de l’horreur québécois (un peu comme notre Stephen King), mais tous s’accordent pour dire que ses histoires ont de quoi faire flipper quiconque ose s’y aventurer. Souvent tournés vers le fantastique, ses romans marquent les esprits pour longtemps. Avec Civilisés, l’auteur change son style et raconte un thriller bien senti qui écorche au passage la vision de notre société.

Il faut le dire, on doit bien s’accrocher au début de ce roman. Les chapitres sont longs, autant dans le nombre de pages que dans le ressentiment qu’on a en les lisant. Et ça ne change pas vraiment en avançant dans la lecture. Le tout jumelé à de nombreux personnages, ça donne une impression de lourdeur au texte. On prend un temps pour s’adapter avant de commencer à apprécier pleinement le récit. Au bout de deux centaines de pages, l’action commence et c’est là que qu’on commence à voir le potentiel de cette histoire !

Les personnages sont stéréotypés au possible. C’est parfois tiré par les cheveux pour ce qui est de plusieurs scènes. Les événements s’enchainant sont souvent beaucoup trop gros pour pouvoir les apprécier pleinement. On se dit que c’est impossible. Et malgré tout, ça marche ! Parce que la façon dont Patrick Senécal amène son récit nous fait voir cette histoire invraisemblable comme une bonne comédie d’horreur du style des films de série B. C’est des fois absurde, c’est d’autres fois drôle et ça passe aussi par des phases de carnage où l’hémoglobine éclabousse partout. Bref, ça a un certain charme.

Dans cette histoire qu’on peut qualifier de comédie d’horreur, Patrick Senécal change sa façon d’écrire en choisissant une narration un peu plus inclusive et amicale. Il se permet des inclusions dans le texte, expliquant le pourquoi ça se passe comme ça… et je dois dire que ça marche très bien ! C’est nouveau, c’est accrocheur et ça change de tout ce qu’il nous a démontré auparavant.

Des longueurs, il y en a. À plusieurs reprises. Elles sont là, elles sont évidentes et pourtant elles n’alourdissent pas le texte. Du moins, pas tant que ça. Tout est dans la manière que Patrick Senécal nous raconte son histoire. La narration est presqu’un personnage à part entière dans ce roman. Son rôle ne fait aucun doute dans le fait qu’on apprécie ou pas ce texte. C’est très différent des romans précédent de l’auteur. C’est osé, mais ça donne une touche très intéressante à récit. On s’installe bien confortablement et on profite du style narratif pour s’imaginer les scènes dans notre tête un peu à la façon d’un film. La narration nous permet de ne pas décrocher. Simple et efficace !

L’horreur prend tranquillement place dans cette histoire. D’abord sournoisement, puis avec plus d’aplomb ! Et puis y’a l’humour qui embarque aussi. Pas dans l’histoire elle-même, mais plutôt dans la façon que le texte nous est présenté. Des moments horribles, il y en a… tout comme des sourires en coin qui nous échappent de temps en temps. C’est un très bon mélange !

02/01/2025