Auteur : Stephen King
Pages : 379
ISBN : 978-2-253-15139-5
« Il m’a fallu du temps pour comprendre, mais c’est allé plus vite une fois que j’ai surmonté ce blocage mental. Marche ou crève, c’est la morale de cette histoire. Pas plus compliqué. Ce n’est pas une question de force physique, et c’est là que je me suis trompé en m’engageant . Si c’était ça, nous aurions tous une bonne chance. »
Ainsi Mc Vries définit-il l’horrible marathon auquel il participe ; marcher le plus longtemps possible, sans jamais s’arrêter, en respectant des cadences. Fautes de quoi, les concurrents de cette longue « longue marche » sont abattus d’une balle dans la tête.
Des cent concurrents au départ, il ne restera qu’un seul à l’arrivée qui aura, pour prix de son exploit, la possibilité de posséder tout ce qu’il désire. S’il désire encore quelque chose…
Le récit commence sans détours ni trompettes alors qu’une centaine de personnes s’avancent sur la ligne de départ. Le but ? On ne sait pas trop vraiment ; ils devront avancer. Toujours avancer. Pourquoi ? Dans quel but ? On ne le sait pas vraiment non plus, mais on sait qu’ils doivent avancer sans s’arrêter, sinon… c’est la mort. Un seul sortira vainqueur de la Longue Marche. Ainsi commence ce récit…
Le texte est à la fois touchant et traumatisant. Le décor est planté immédiatement, décor droit et plutôt restreint. Avançant simplement le long d’une route, escortés par des hommes armés qui n’hésitent pas à tirer si nécessaire, nos jeunes personnages sont résolus à tenir le coup, coûte que coûte. C’est une idée simple, un sujet plutôt limité et très linéaire… Et pourtant le texte est rempli d’angoisses et de peurs. Mais il cache aussi une certaine beauté dans la façon dont l’auteur nous amène les personnages.
C’est un livre prenant, poignant et plein d’amitié improbable. On s’accroche à ce groupe de marcheurs, on les supporte en espérant les voir passer au travers sachant pertinemment qu’au final tous mourrons sauf un. On compatit à leur souffrance physique, mais aussi à celle psychologique que crée une aussi longue marche. On avance sur la route avec eux, n’ayant là rien de fantastique ou de surnaturel comme c’est souvent le cas dans les romans du King. Une simple marche.
Ce récit est en fait un huis-clos, mais un huis-clos qui se passe sur plusieurs dizaines de kilomètres. Alors qu’ils avancent en économisant le maximum de forces, des supporters se massent de temps à autre sur le bord du chemin. Des amis, de la famille… mais aussi des curieux qui cherchent à voir le côté macabre de l’événement espérant, sans vraiment le vouloir, avoir la chance de voir un meurtre en direct.
Ces marcheurs ne sont pas seuls au monde… mais c’est tout comme. Essayant de s’entraider mutuellement (mais pas trop quand même, puisqu’un seul sera victorieux) ou avançant en silence, perdu dans leurs pensées, ils sont en marche jour et nuit sans jamais pouvoir s’arrêter. L’idée de ne pas rester seul durant cette longue marche vient inévitablement en tête des participants. De petits groupes se forment avec le temps. Mais voir ses amis mourir devient vite pire… Et c’est là que, tranquillement, la folie s’immisce dans votre tête !
Stephen King signe ici un texte bien équilibré avec un côté psychologique intense qui se vit plus qu’il ne se lit. On embarque dans l’histoire, on se sent d’une certaine manière complice avec ces jeunes, on apprend à les aimer, même les moins gentils… On les accueils comme ils sont et on sombre inexorablement avec eux dans la folie lorsque tout espoir semble disparu…
Un texte dur et fort sur un sujet somme toute très particulier. Et encore une fois, le King nous captive et nous tient en haleine tout au long de son récit. On s’attache vraiment aux personnages. Ô bon Dieu que oui, on s’attache aux personnages !
26/12/2024
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