Auteur : Michel Jean
Pages : 219
ISBN : 978-2-7648-1631-8
« Depuis cinq mille ans, l’inuktitut et le jappement des qimmiit résonnent dans le Nunavik. La vie y est cruelle. Mais c’est ce qui la rend belle. Précieuse. » Entre la taïga et la toundra, un jeune couple inuit du Nunavik se découvre et apprend à s’aimer. Accompagnés de leurs chiens, les qimmiit, Saullu et Ulaajuk parcourent un continent encore sauvage, tous libres et solidaires.
Quelques décennies plus tard, une avocate est dépêchée sur la Côte-Nord pour défendre un meurtrier inuk dont les victimes sont d’anciens policiers de la Sécurité du Québec. Sa quête de justice l’emmènera au-delà de ce qu’elle avait imaginé.
Michel Jean, Innu de Mashteuiatsh, est un journaliste et chef d’antenne que l’on voit quotidiennement. Mais ce n’est que récemment que je l’ai connu en tant qu’écrivain, alors que kukum s’est retrouvé entre mes mains. J’y ai découvert une plume merveilleuse et un homme capable de transmettre son savoir dans une histoire merveilleusement touchante. Il m’a émerveillé, il m’a ému et il m’a marqué. J’avais donc très hâte de voir ce que qimmik me réservait !
L’auteur joue avec deux récits parallèles qui s’entremêlent. En premier lieu, c’est la découverte du grand nord durant les années ’60 alors que nous suivons un jeune couple qui vit en solitaire dans ce climat difficile. Ils vivent de la pêche et de la chasse au gré de ce que la nature a à leur offrir. Et puis il y a cette histoire qui se passe dans le présent où nous suivons une enquête sur les meurtres de policiers à la retraite. Ces deux histoires s’entrecroiseront habillement au fil des chapitres.
L’harmonie entre les peuples autochtones et la nature des grands espaces du nord du Québec est beau. Terriblement beau ! Suivre notre couple d’amoureux à travers les saisons a de quoi rendre le lecteur éberlué par tant de beauté. C’est rude, très rude. Mais c’est aussi magnifiquement calme et reposant. À travers les chapitres, on apprend ce qu’était réellement la vie en ces temps pas si lointain où la nature était autant craint que respecté. Les pages tournent rapidement, le cœur léger devant tant de beauté et de simplicité de vivre.
De l’autre côté, il y a cette histoire de meurtres. Il y a la dure vérité sur la vie que ces peuples doivent supporter. Le moins beau de la chose. Les suicides, les alcooliques, les dépressifs… et les meurtriers.
À travers les deux histoires qui se chevauchent, il y a les chiens qui tiennent une place importante. Parce que sans les chiens, vivre dans le grand nord n’est carrément pas possible. Les chiens sont comme les membres de la famille. Ils sont forts, ils sont intelligents et ils sont aimés. Et ça, le gouvernement le sait… Voilà un levier qu’il utilisera pour soumettre ces peuples du nord à leur convenance…
Encore une fois, Michel Jean nous raconte une belle histoire où la vie dans la nature est majestueuse. Et comme ce fut le cas pour kukum, on appréhende la fin qui sera très certainement difficile. Et comme de fait, ce fut le cas. C’est le genre d’histoire qui nous force à réfléchir et qui doit être racontée pour ne pas oublier… ou du moins pour savoir.
Décidément, Michel Jean est un auteur que je dois garder à l’œil. Ses textes sont simples, mais terriblement efficaces. Clairement, ce n’est pas dans la grosseur d’un livre que se trouvent les meilleures histoires. Ce récit – tout comme c’était le cas pour kukum – en est encore une fois la plus belle preuve !
27/11/2023
Répondre
Se joindre à la discussion ?Vous êtes libre de contribuer !