Auteur : Nelly Arcan
Pages : 216
ISBN : 978-2-923603-21-6
Une obscure compagnie organise le suicide de ses clients. Une seule condition leur est imposée : que leur désir de mourir soit incurable, pur et absolu… Antoinette a été une candidate de Paradis, Clef en main. Elle n’en est pas morte. Désormais paraplégique, elle raconte sa vie, elle raconte la compagnie et son processus de sélection, ses tests et ses épreuves, son chauffeur et son psychiatre halluciné et le comité de sélection. Mais surtout, elle nous raconte son nouveau désir d’exister. Paradis, Clef en main est un roman sur le désir de vivre autant que sur celui de mourir, un roman sur la responsabilité, sur le rapport à l’Autre, sur le rapport au corps et à la vie. Roman fabuleux écrit d’une plume acérée.
Le suicide. Un mot qui fait peur. Un acte qui fait encore plus peur. Ce petit roman traite du suicide, mais ça vous l’aurez déjà deviné. C’est un sujet relativement tabou et il est important de garder en tête que ce roman est une œuvre de fiction. Néanmoins, le fait que l’auteur de ce livre ait mit fin à sa vie quelques semaines seulement après avoir terminé la rédaction de celui-ci ne pouvait pas me sortir de la tête tout au long de ma lecture. Ça donne un certain côté officiel à cette histoire, ça laisse un sentiment de connivence au lecteur… comme s’il acceptait le fait que l’auteur ait parlé de ce sujet avec autant de facilité, avec autant de désinvolture, tout en sachant qu’elle n’appréciait pas sa propre vie. C’est donc relativement difficile pour le lecteur de relativiser, de se dire que ce roman est bien de la fiction.
L’histoire commence sans détour avec une phrase dure, écrite en capitale, qui démontre très bien le sens du livre. « ON A TOUS DÉJÀ PENSÉ SE TUER », lit-on. C’est accrocheur, y’a pas de doute. Dès la première phrase du livre, le lecteur se rend à l’évidence : ce ne sera pas un récit joyeux et il y a de fortes chances qu’il en ressortira marqué. Page après page, le lecteur est happé par un tourbillon d’émotions, passant de la tristesse à la compréhension illogique de certains mots, de certains actes…
L’écriture de l’auteur est bien maîtrisée, différente de ce à quoi nous sommes habitué. Ce point est assez important puisqu’une écriture trop simple ne serait pas de mise avec ce genre de récit. Nelly Arcan décrit de façon dure et sans artifices un sujet qui, de toute évidence, la touchait personnellement.
Le suicide, c’est un sujet ambitieux. Nelly Arcan, de par la maîtrise de son texte, réussit toutefois l’exploit de traiter d’un sujet aussi difficile en si peu de pages, tout en réussissant à en dire suffisamment pour que le lecteur s’accroche au personnage avec une certaine aisance. Mais il faut être fort mentalement pour lire ce livre. Ça c’est un fait. Parce que ne ressort pas indemne qui veut de cette histoire. Le témoignage que nous livre le personnage principal est souvent poignant et toujours très directe.
Pas de doute, c’est un livre qui fait jaser…
09/08/2012
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